Ce n’est pas un secret, les Français ont mauvaise réputation en ce qui concerne les langues étrangères. Avoir un adorable accent lorsqu’on parle anglais, ça ne suffit pas à dissimuler les erreurs de grammaire, le vocabulaire approximatif ou les mauvaises structures de phrases. Mais pourquoi la France se classe-t-elle si mal parmi les pays d’Europe qui parlent le mieux anglais ? Les Français resteront-ils nuls en anglais ?
La France, loin dans le classement
Selon le rapport de l’Indice de compétence en anglais EF, publié en 2018, la France se classe en 25e position des pays parlant le mieux anglais en Europe (hors pays anglophones, évidemment). En tête du classement, on retrouve les bons élèves nordiques, c’est-à-dire la Suède, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et la Finlande. Les pays scandinaves ont toujours été bons dans l’apprentissage des langues étrangères. Devant la France, des pays comme la Belgique, la Roumanie, la Hongrie et la Grèce font bien mieux.
Dans le classement mondial, la France est en 35e position sur 88 pays mesurés… En 2017, le pays se plaçait en 32e position et en 29e position en 2016.
Pourquoi les Français sont-ils si nuls en anglais ?
Il n’est pas difficile d’expliquer pourquoi les Français ne sont pas aussi compétents en anglais que leurs voisins européens. Tout commence à l’école. Durant l’école primaire, les élèves suivent 1h30 de cours de langues par semaine, 4 heures en 6e, puis 5h30 de la 5e à la seconde. Enfin, en 1e et en Terminale, les élèves passent de 4h à 4h30 par semaine à perfectionner une langue vivante.
Interviewé par BFMTV en 2017, Jean-Luc Breton, vice-président de l’Association des professeurs de langues vivantes, expliquait : “C’est insuffisant si l’on veut acquérir la maîtrise de la langue. Depuis plus de vingt ans, les gouvernements successifs n’ont pas pris la mesure de l’importance de l’enseignement des langues étrangères.” Et c’est sans compter les classes surchargées, qui empêchent le professeur de suivre de manière personnalisée les progrès de ses élèves.
L’autre problème de la France face à l’anglais, c’est la façon dont on y enseigne les langues. Plutôt que de privilégier les échanges à l’oral, les élèves français se concentrent sur l’expression écrite, la grammaire, la conjugaison… Cette façon académique d’enseigner les langues étrangères handicape les élèves, qui auront du mal à s’exprimer en anglais pour le travail ou en voyage.
Enfin, bien que de plus en plus de Français privilégient les films et les séries télé en version originale, il faut se rappeler que la plupart des œuvres anglophones sont doublées en français au cinéma et à la télévision. Alors qu’aux Pays-Bas par exemple, les films sont seulement sous-titrés : tout le monde peut donc s’habituer progressivement à entendre de l’anglais.
En étant moins exposés à la langue anglaise, les Français se compliquent la tâche.
Des progrès visibles, mais à maintenir
Heureusement, les Français semblent prêts à faire des efforts et même le gouvernement a souligné l’importance de savoir parler une seconde langue, en plus de sa langue maternelle. Depuis la rentrée scolaire de 2016, l’enseignement d’une langue vivante commence au CP au lieu du CE1. Et lors d’un discours sur l’Europe prononcé en septembre 2017, le président Emmanuel Macron a déclaré : « L’Europe veut être cet espace où chaque étudiant devra parler au moins deux langues européennes, d’ici 2024 ». L’éducation nationale va-t-elle bientôt prioriser autant les langues que les maths et les sciences ?
On peut aussi compter sur les jeunes générations, de plus en plus immergées dans l’anglais, pour améliorer le niveau de la France. Kate Bell, responsable projets chez Education First et co-auteure du rapport, remarque qu’il y a “chez les jeunes parents une volonté d’avoir des enfants qui parlent au moins l’anglais”.
Les Français de la nouvelle génération seront-ils moins nuls en anglais ? La France peut-elle espérer remonter dans le classement dès 2019 ?